"Hello, here is my confession
Tried to go with the flow
But didn't flow in my direction
I guess I have a little problem
I saw him running with the pack
But they weren't going where I was going
Everyone was acting like as if they were right
But I did not buy it, no I did not buy it
I said I'm going back, ‘til there's no one left,
‘Til there's no one left
Now I'm standing on my own
It's me against them all
And it never looked so beautiful
‘Cause I found what I was looking for
Now I’m standing on my own
It's me against the world
And I never felt so wonderful
‘Cause I found what I was searching for
I found my voice"
(Lost & Found - I Found My Voice)
D'aussi loin que je puisse me souvenir, j'ai toujours voulu raconter des histoires. De mes premiers jeux d'enfants, en passant par les légos, la création d'univers, l'écriture de poèmes et de chansons jusqu'à la photographie, la fiction audio-visuelle et les jeux de rôle. Pourtant, je n'ai jamais été bon à ça. Je n'ai jamais eu de talent ou d'aisance particulière. J'ai commencé énormément de choses que je n'ai jamais terminé. J'ai abandonné beaucoup de projet parce que je n'étais pas assez déterminé, parce que je ne savais pas vraiment ce que je voulais, parce que j'avais des doutes mais aussi parce que j'avais peur, peur du regard des autres, peur de ce que je pourrais livrer au monde, peur d'être mis à nu. La création a toujours été pour moi un moyen d'expression plus juste que tout ce que je pourrais exprimer avec des mots dans la vie de tous les jours.
Je doute toujours, tout le temps. Mais une force en moi fait que je n'abandonne jamais. Je sais que j'ai ça en moi et qu'il faut que ça sorte, je n'y peux rien. Alors je vais continuer, aller de projets en projets, d'échecs en échecs, de déceptions en déceptions. Parce qu'à travers ce chemin de croix, le moindre projet qui arrive à son terme, le moindre petit succès justifie à lui seul de subir cette ordalie. Après tout, je pourrais bien me trouver un petit travail salarié tranquille, me choisir une passion qui se limite à quelques heures par semaine sans grande ambition et probablement vivre une vie paisible. Mais je sais au fond de moi que je serai malheureux, comme si je choisissais d'être muet, de ne plus prendre la peine de dire qui je suis vraiment.
J'ai perdu beaucoup d'amis et sans doute raté beaucoup d'opportunité sur ce chemin. A chaque étape de ma vie, à mesure que je comprends qui je suis et ce que je veux, beaucoup de choses deviennent obsolètes. Ma vie devient asynchrone avec les autres et avec l'environnement dans lequel je vis. J'opère des changements continuels et je me retrouve seul, mais avec un sentiment fabuleux parce que je sais que j'avance sur ma voie.
Il y a quelques temps, j'ai compris que la forme concrète de cette voie est de raconter des histoires. Cette révélation tardive fait que je me suis beaucoup égaré en chemin. Même si à posteriori cette vocation me semble évidente, à travers toute mon histoire, je n'ai pas dirigé entièrement mon énergie dans cette direction et la création aujourd'hui m'est toujours aussi difficile. Même écrire cet article est difficile. J'y pense depuis plusieurs mois, et quand je l'ai commencé il y a quelques minutes, j'ai failli abandonner après quelques lignes. Et puis je me suis dit que m'empêcher d'écrire, c'était comme m'empêcher de dire vraiment qui je suis, et de continuer d'être quelqu'un d'autre en apparence.
Je me suis toujours considéré un peu comme un caméléon. Mon manque de personnalité fait que j'épouse souvent celles des autres, jusqu'à reprendre leurs expressions et leur mode de pensée. Je sais comment faire semblant d'être d'accord alors qu'au fond mon âme crie que c'est complètement faux. Je disais à ami récemment que j'ai tellement d'empathie pour les gens que je les déteste. Je n'ose pas affirmer ma personnalité parce que je ne veux froisser personne, parce que j'imagine que leur vie est bien assez difficile pour les forcer à me laisser une place. Et puis, à quoi bon laisser une place à un caméléon ?
Alors ma seule porte de sortie, c'est d'exprimer vraiment qui je suis. D'écrire, de créer, de raconter des histoires.
Même si c'est douloureux, même si c'est difficile, même si je n'y arrive jamais vraiment.
J'aimerai dire à tous ceux qui ressentent cette même douleur : vous n'êtes pas seuls. Créer, au sens d'exprimer son soi véritable, c'est faire saigner son âme. Peu importe à quel point vous pensez ne pas avoir le talent, les moyens nécessaires, l'entourage et le réseau nécessaire, la détermination nécessaire. Continuez. N'écoutez pas les autres. Continuez de vous saigner jusqu'à ce qu'ils voient enfin ce qu'il y a dans dans vos veines. Je suis sûr que c'est magnifique.