Il y a un univers qui me tient à coeur depuis longtemps mais qui n’a jamais été véritablement publié dans aucun de mes jeux de rôle ou autre création. C’est un univers de sorcières, emprunt de féerie, de culture anglo-celtique et de mythes antiques et médiévaux. J’ai toujours eu du mal à en établir les contours exacts, comme un objet brumeux que j’essaie de saisir sans jamais y parvenir. Je l’ai appelé Coven et je vais à travers ce journal vous raconter son histoire.
Les origines
Depuis tout petit, je suis fasciné par les contes, la fantasy et le merveilleux. J’ai grandis avec des séries et des films comme L’Histoire sans Fin, Hook, Willow, Xena la Guerrière, La Caverne de la Rose d’Or… Mais c’est avec les séries Charmed et Buffy contre les vampires que j’ai vraiment eu un électrochoc à l’adolescence et qui ont démarré, je crois comme beaucoup, une fascination pour les sorcières.
Je n’ai eu de cesse depuis de regarder des oeuvres autour de ce thème et de me documenter le plus possible sur le sujet, y compris sur la sorcellerie moderne (en particulier la Wicca) qui constitue une véritable spiritualité qui va bien au-delà de la fiction.
Dès mon premier jeu, Imaginarium (jamais publié lui non plus), il y avait déjà des sorcières qui ressemblent beaucoup aux sorcières de Coven :
“Et en premier lieu les sorcières de Wittle, menées par l'intrépide Alizon Device. Les sorcières ont une connaissance ancestrale de l'Argenium et savent l'utiliser naturellement, sans les machineries complexes du Magisterium, et pour cela elles ont été chassées et vivent désormais recluses en dehors de l'enceinte de la ville, dans la forêt brumeuse. Elles se sont jurés de lutter contre les agissements autoritaires du Magisterium et d'aider tous ceux qu'ils persécutent injustement.”
En ce sens, Imaginarium est déjà une sorte de proto-Coven, inspiré davantage par Narnia, Peter Pan et Les Royaumes du Nord, mais qui porte déjà cette idée de rébellion contre une autorité qui persécute des minorités.
J’ai également créé beaucoup de photographies avec modèles où j’ai tenté de dépeindre une certaine idée de l’atmosphère de ce monde. Vous pouvez en découvrir quelques unes sur mon site et sur mon compte Instagram.
J’avais déjà en tout cas l’intuition de ce monde éthéré, peuplé de sorcières et de créatures féériques, mais je ne savais pas quoi en faire pour le rendre tangible.
Les tentatives
Il y a eu en réalité de nombreuses versions de Coven, beaucoup étant des hacks de jeux déjà existants : notamment Prosopopée, Happy Together, Monster of the Week et Blades in the Dark. J’ai également écrit une série de micro-nouvelles (dont certaines sont d’ailleurs sur ce blog).
Dans ces années-là (autour de 2018-2019), les sorcières étaient des adolescentes qui se battaient contre des esprits issus des brumes et de la souffrance. Il fallait trouver l’origine de la souffrance pour transformer les esprits corrompus en esprits bienveillants. C’était une prémisse plutôt intéressante, mais j’avais du mal avec plusieurs choses, notamment les esprits que j’avais du mal à bien définir et le fait de ne jouer que des adolescentes. Il me semblait que je passais à côté des thématiques que j’avais vraiment envie d’aborder.
Après avoir beaucoup tâtonné sans parvenir à quelque chose de vraiment satisfaisant, j’ai décidé de mettre cet univers de côté pour me consacrer à d’autres projets.
renaissance
Après ce long hiatus où j’ai appris énormément sur la façon de créer des jeux et des univers, et après avoir tourné enfin la page d’un vieux projet d’univers définitivement avorté, j’ai décidé de reprendre Coven en appliquant mes connaissances actuelles et en me bottant un peu les fesses pour m’obliger à avancer et publier quelque chose dans un délai raisonnable. Une discussion très éclairante avec Stéphane “Tiramisù” a également été déterminante pour débloquer quelque chose dans mon appréhension de Coven. Merci à lui !
Il se trouvait que j’étais invité au Festival d’Ultavia à Poitiers du 23 au 25 septembre 2022. J’ai inscrit deux tables de Coven en sachant pertinemment que je n’avais absolument rien à faire jouer concrètement à ce moment là. Ça m’a obligé à m’y coller, à créer une nouvelle version rapidement et à lancer des tests du jeu en amont pour m’assurer que les parties à Ultavia seraient au point. Et ça a marché ! Non seulement, j’ai une version du jeu fonctionnelle, mais en plus j’ai écris plusieurs scénarios et les parties d’Ultavia ont été un succès :)
Dans la version actuelle, des sorcières de tout âge se réunissent en coven pour s’entraider et régler les problèmes qui surviennent entre les peuples féériques issus des brumes et le monde moderne des humains, dans un monde de fantasy anglo-celtique aux accents steampunk. C’est un jeu qui parle de féminisme, d’écologie et d’anti-racisme de façon, je l’espère, empouvoirante.
Il reste encore beaucoup de travail mais j’ai le sentiment d’avoir cristallisé dans cette nouvelle version à la fois les thématiques et les esthétiques que je recherchais. Dans l’entrée prochaine de ce journal, j’entrerai davantage dans les détails de cette nouvelle version et des obstacles qui me restent à surmonter.